CritiqueLA PRESSE SAMEDI, 20 JUIN 2015
Odysseo est arrivé à maturité
Daniel Lemay
De passage dans la région métropolitaine pour la troisième et dernière fois, Odysséo se prête encore à tous les superlatifs, tant par le gigantisme de sa production que par sa qualité scénique. Spectacle multimédia nouveau genre, Odysséo s’avère davantage qu’une « nouvelle ode au cheval ». Comme on l’a vu mercredi à la première, l’intégration de l’art équestre, des arts du cirque et des arts technologies s’est affermie à des sommets nouveaux.
LIBERTÉ… À ONZE
Des augmentations quantitatives qu’a connues Odysséo, le numéro de liberté d’Élise Verdoncq avec ses chevaux arabes est assurément la plus spectaculaire. L’artiste française commence avec six arabes, reconnus pour leur amour du jeu, puis cinq de leurs congénères arrivent sur la piste et prennent immédiatement leur place, toujours la même, dans la nouvelle routine à onze. Du jamais-vu. Comme l’exige le genre, Mme Verdoncq dirige ses chevaux du geste et de la voix, ne les touche, sauf exception, que pour les féliciter à la fin de chaque segment. Moment que ne manque pas d’applaudir la foule qui saisit d’emblée le travail nécessaire pour amener onze bêtes à galoper deux par deux autour de la meneuse de jeu ou, au signal donné, à faire un tour complet sur elles-mêmes avant de reprendre leur course. Un délinquant décide-t-il de gambader hors les rangs ? Les spectateurs s’en amusent. On n’a entendu personne réclamer le fouet…
ÇA RENTRE AU POSTE !
« La musique n’a jamais été aussi précise… » Michel Cusson « écoute » Odysséo plus qu’il ne le regarde. Pour « voir » si sa musique sert toujours le spectacle. Ou, dans le cas présent, pour voir comment se passe l’insertion de la nouvelle chanteuse, l’Italienne Valentina Spreca, qui s’est jointe à la troupe le mois dernier à Toronto, en remplacement d’Anna-Laura Edmiston, partie en congé de maternité. Avec son compagnon Éric Auclair, le chef d’orchestre d’Odysséo que remplace le bassiste Raphaël D’Amour. Ça fait pas mal de nouveau…
« La chanteuse a fait ses devoirs, ça paraît, nous a dit Michel Cusson après la générale de mardi. Et les gars sont alertes : ils n’ont pas manqué un cue… » Comme à la première quand, après le numéro de carrousel aérien, les câbles ne descendaient pas : « les gars » ont joué les mêmes mesures jusqu’à ce que le carrousel amorce sa remontée. Une « éternité » de 45 secondes…
L’ART ÉQUIN SOUS LE CHAPITEAU
L’an dernier, à l’initiative de Jo-Anne Martin, directrice du développement des affaires, Cavalia a commencé à exposer des œuvres d’artistes québécois dans l’entrée de ses chapiteaux et dans les tentes réservées aux acheteurs de ses forfaits haut de gamme.
Au fil des mois, le producteur s’est retrouvé avec un inventaire important d’œuvres achetées directement des artistes ou laissées en consignation par ceux-ci ; plus de 100 ont trouvé preneur à ce jour. « À l’étranger, nous dira Mme Martin, nous essayons toujours d’inviter des artistes locaux, mais, tant aux États-Unis qu’en Asie, les spectateurs préfèrent les œuvres québécoises. »
À Montréal, Odysséo expose des œuvres d’Élise Genest, engagée exclusivement dans l’art équin ; Sébastien Larochelle, artiste du dripping ; la dessinatrice Léa Rivière ; Jessica Potenza et ses mélanges café-encre ; Carolle Beaudry, fervente des « effets de robe » ; Robert Johnson dont les sujets sont des chevaux de Cavalia ; et la comédienne Brigitte Lafleur (La Galère).
DE SHAWINIGAN À SHANGHAI
Pendant ce temps, Cavalia, le premier spectacle de la compagnie du même nom, monte son chapiteau à Shanghai, la ville la plus populeuse de Chine ; la « perle de l’Orient », jumelée à Montréal depuis 1985, compte 23 millions d’habitants. Dans sa tournée asiatique, la société Cavalia s’est déjà arrêté à Singapour, Séoul, Taiwan et Hong Kong.