CritiqueLE JOURNAL DE MONTREAL JEUDI, 16 MAI 2013
Retour triomphal pour Cavalia avec son spectacle Odysséo
La troupe de Cavalia effectue un retour triomphal à Laval après une tournée au Canada aux Étas-Unis
Agnès Gaudet
Après un parcours triomphant à l’étranger, la première médiatique du spectacle québécois Odysséo était présentée hier sous l’immense chapiteau à Laval, devant le gratin artistique montréalais.
La troupe chevaux/humains a donné une formidable performance, un spectacle qui frôle la perfection. On a pu assister à un feu roulant de prouesses de toutes sortes, autant de la part des bêtes magnifiques, que des intrépides cavaliers, acrobates et artistes aériens. Des numéros à couper le souffle aussi bien que des numéros touchants.
Odysséo revient au Québec après avoir été applaudi par 655 000 spectateurs au Canada, au Mexique et aux États-Unis. Près de deux ans après sa création en 2011 à Laval, la troupe est de retour et plus efficace que jamais, avec des numéros resserrés et rodés au quart de tour, beaucoup d’émotions fortes et aucun temps mort. Odysséo, c’est grandiose, majestueux, magique. On n’a pas assez d’yeux pour tout voir.
Dès l’ouverture des rideaux, le public tombe sous le charme, alors que des chevaux, tous aussi superbes les uns que les autres, partagent la scène en toute liberté avec leurs compagnons humains. Puis, un groupe de cavalières, «les fées clochettes», chacune debout sur deux montures, vêtues de tuniques diaphanes, font galoper leurs montures. Déjà, on est emporté dans cet univers unique.
Tout au long du spectacle, les cavaliers se succèdent et rivalisent de bravoure, d’habileté et d’élégance. Tantôt, ils sont une trentaine à exécuter un défilé, sur l’immense scène qui fait 2500 mètres carrés, s’entrecroisant au trot sur l’impressionnante colline aménagée grâce à 6000 tonnes de roches, de terre et de sable.
Puis, ce sera aux artistes aériens de rivaliser d’adresse, ne tenant que par un pied ou une main, suspendus aux poteaux d’un carrousel géant, maintenus par on ne sait trop quelle force.
Émerveillement
Ce sera comme ça tout au long de la soirée. On ne cesse de s’émerveiller devant tant de beauté, celle notamment des décors somptueux, des éclairages qui donnent le vertige et des images projetées sur un écran géant, trois fois la taille d’un écran IMAX, qui nous entraînent de la forêt, au désert, jusqu’à la savane africaine, en passant par l’île de Pâques.
Facile aussi de s’émerveiller des numéros aériens de cerceaux ou de tissus, «les anges», alors que les artistes, sans filet ni courroie de secours, exécutent de dangereuses manœuvres, suspendus à quelque 40 pieds dans les airs.
Mais on s’émeut aussi devant la grâce des chevaux qui, même en liberté, sans mors ni bride, exécutent les souhaits de leurs compagnons humains.
C’est le cas lors d’un des premiers numéros alors qu’une cavalière, Élise Verdoncq, s’amène à pied, entourée de neuf grands chevaux blancs ou gris. Dociles, ils obéissent au seul son de sa voix et de ses caresses. Ils courent, tournent sur eux-mêmes, s’alignent en rang, posent doucement la tête sur leurs complices de jeu à quatre pattes.
C’est également émouvant quand, après l’entracte, le rideau s’ouvre sur un groupe de chevaux qui font mine de dormir, étendus sur la scène, avant d’exécuter pour leurs amis humains qui les suivent au pas de course, une foule de mouvements, en groupe de deux, de trois, de quatre, jusqu’à former une ligne droite de 28 chevaux côte à côte.
Exploits
Impossible de passer à côté de l’envoutante musique de Michel Cusson, interprétée par des musiciens live et par une nouvelle chanteuse qui se retrouve désormais elle aussi sur scène à plusieurs reprises, un bel ajout.
Odysséo, c’est aussi de la dynamite, grâce aux fantastiques sauts périlleux des acrobates, dont une troupe de jeunes Guinéens, pour qui bondir n’a plus de secrets. Ça saute de partout. Les exploits de style rodéo des cow-boys et cow-girls qui, à la vitesse de l’éclair, traversent la scène accrochés à leur bête; debout, couchés, la tête en bas et même sous son cheval pour retrouver leur place assis sont époustouflants.
Finale améliorée
Le créateur du spectacle, Normand Latourelle, avait promis une finale améliorée. Il n’avait pas menti. Alors que la scène se remplit d’eau (300 000 litres), comme par magie, toute la troupe s’y mouille à tour de rôle, à titre de rappel, dans un joyeux tourbillon de gouttes.
La salle de 2000 places était hier remplie à craquer d’un public très enthousiaste, qui est resté rivé à son siège durant les deux heures de la représentation (avec entracte), des spectateurs qui ont offert des applaudissements chaleureux et une ovation à la fin du spectacle.